QUAND BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE SE MÊLENT

François DELPEUCH a publié en 1997 : "CHRONIQUE EDILIQUE",

couv

La couverture de Chronique Edilique reproduit un tableau de Barbara ROBINSON sur Saint-Flour.
En exergue la phrase tirée de Matinales, ouvrage de Jacques CHARDONNE (1956)
« La France est pleine de racines ; le progrès s’y incruste mal, n’y trouvant jamais une place nette. »
La postface se termine par un vers de René CHAR :
« Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de mon pays ; les arbres sont libres de n’avoir point de fruits »
Ce livre a été retenu par le syndicat de l’Edition - au titre de l’auto édition - pour ses bonnes qualités (terme de rhétorique) pour le salon du livre 1999 où je suis le seul représentant de l’Auvergne (toutes éditions confondues), alors que dix autres régions sont représentées.
Le Président CHIRAC qui inaugure le salon, en voisin corrézien, me salue, alors qu’il est accompagné de la Star de l’Edition de l’année Viviane FORESTER, auteur du livre prophétique : "L’horreur économique".

Cet ouvrage vient d’être reedité par L HARMATTAN éditeur du quartier latin dans la collection Graveurs de mémoire dans sa premiere version
avec un addendum pour actualisation, sous le titre CHRONIQUE EDILIQUE ou Relation de la vie publique a SAINT FLOUR1989 2012

Résumé

L’expérience de l’auteur en qualité de maire de Saint-Flour, une analyse - avec le nécessaire recul du temps qui ne les affadi en rien d’événements contés avec lucidité, humour, conviction où se confirme par ses nombreuses actions novatrices, la foi que l’auteur avait mise en Saint Flour, historique Clef de la France et austère cité des vents, par laquelle il tenta, lors de son mandat « de changer les couleurs du temps « .

Cette chronique fait coïncider l’expérience d’une ouverture politique avec la tentative d’épanouissement de l’intérieur et vers l’extérieur d’une cité jusqu’alors autarcique.

Fourmillant d’anecdotes ( dont quelques exemples suivent) ce livre est un hommage à la ville au travers d’un rappel de faits historiques et d’une analyse sociologique et économique prospective. Cet ouvrage, de 95 pages, est resté longtemps sur le site de l’Institut MITTERAND à la rubrique bibliothèque pour illustrer l’époque

Le livre a reçu de nombreux échos favorables de la classe politique et notamment du premier Ministre Lionel JOSPIN :

« Votre expérience à la tête de la municipalité de Saint-Flour, alors que la cité médiévale du Cantal connaissait une situation financière des plus délicates, illustre l’engagement dynamique dont peuvent faire preuve de nombreux élus locaux. »

Le Maire de la ville jumelle d’Orléans - jumelage à l’initiative de nos prédécesseurs - Jean-Pierre SUEUR m’écrivit : « Combien j’ai apprécié ton récit, celui-ci décrit sans fard, sans ostentation mais avec beaucoup de conviction le dur chemin qui fut le tien pour faire changer concrètement les choses sur le terrain, la réforme c’est toujours dur en France. »

Les commentaires de politiques connaissant bien Saint Flour et du département voisin sont intéressants sur bien des points.

Le Président du conseil Général qui devint Président de la Région, Monsieur PJ BONTE, en février 2000 :

« C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai suivi le parcours de l’un des plus jeunes Maires de France qui a oeuvré avec énergie pour le renouveau de sa ville natale dont le développement économiques était altéré par une situation financière catastrophique.
Ton parcours démontre que la fonction de Premier Magistrat d’une commune s’apparente à un véritable apostolat et qu’il est très difficile de remettre en cause le conservatisme et les privilèges de certains. »

Le député d’Issoire en février 2000 :

« Je sais toute la passion avec laquelle tu as dirigé cette commune de Saint Flour et je sais aussi combien tu en as été l’animateur hors pair et le gestionnaire avisé, tout en restant proche des administrés dans leur vie quotidienne. »

Les visiteurs de SAINT FLOUR Roger Fauroux et l’économiste Jean Matouk pour une chronique dans une revue Autauroute et Mobilite en decembre 2001 : « Bravo et bon courage »

Le Médiateur ancien ministre d’ouverture Jacques Pelletier avec l’humour qu’on lui connaissait considère que je décris à merveille avec poésie et réalisme ce qui arrive dans nos bonnes villes.

La lettre de l’excellent journaliste de l’époque JCN : « Je me suis plongé dans la lecture de ce texte d’un trait avec le souvenir d’une époque passionnante »

Il y a aussi quelques réactions locales, celle d’un maire voisin :
vous aviez beaucoup de clefs grâce a vos compétences personnelles, mais ils mettront vingt ans pour s’apercevoir qu’il sont dans l’erreur mais ce sera trop tard pour le pays de Saint Flour
ou alors celle d’un ami psychiatre : en psychologie sociale ces archaiques sont trop individualistes pour jouer la solidarité

Avant Propos "ou le sens de l’engagement"

Pour certains, « pays » garde la signification étymologique restreinte du XIII siècle : territoire natal ; ceux-là qui, en toute bonne foi, croient défendre leurs racines ne sont, trop souvent hélas, que les sentinelles passives d’un arbre mort.

Pour d’autres, plus rares sans doute, « pays » est une mot vivant, un lieu à vivre, à revitaliser même - coûte que coûte s’il le faut - quand on voit lentement mais irrémédiablement s’asphyxier dans le périmètre toujours plus étroit d’un immobilisme quasi tribal.

Quelques extraits

Description de la ville :

« Au petit matin, la citadelle ôte son voile de brume et découvre son vrai visage de ville construite sur un éperon basaltique. Le soleil vient dorer les pierres médiévales de ses maisons cossues. Le côté nord de ses remparts exprime comme une tristesse résignée, à l’image de ses pierres sombres. Le versant sud, plus riant au soleil, dont les jardins s’étagent en espaliers, s’orne de ces fenêtres où jouent les derniers secrets de la nuit. Plus loin, vers le plateau, proche de la grand-place, dans un écrin de verdure bucolique les marronniers ont rendez-vous avec le vent.

La ville basse a conservé le charme et la fraternité des quartiers populaires. La civilisation a apporté le chemin de fer et la route nationale avec leur cortège d’hôtels. Les nouveaux quartiers aux allures sociales ajoutent à la symphonie grisée de cette ville-musée qui, le soir, devient ville-lumière, ville-phare dont les feux illuminent les remparts, les tours, les échauguettes, les fenêtres à encorbellement et à meneaux.

La rivière coule à ses pieds et dont les berges sont ombrées d’aulnes, charrie au printemps tout le magma hivernal des montagnes voisines pour devenir, plus tard dans la saison, un cours d’eau discret qui s’étiole comme après un trop grand effort.

Le Sanflorain - qui aime à se dire « le plus auvergnat des auvergnats » - a, de nature, un esprit rebelle doublé d’un tempérament traditionnel ; ce caractère extrême est bien symbolisé par deux Arvernes renommés : le chef gaulois VERCINGETORIX et le philosophe PASCAL ! Si dans son « Carnet de grand chemin », Julien GRACQ compare Saint-Flour à une petite ville des Abruzzes, le conservateur du musée, M. FOUILHERON - homme de grande culture - décèle, lui, du « florentin » dans l’humeur conservatrice mais frondeuse et parfois retorse des Sanflorains... Une telle richesse d’opinion, pour une région et une population d’importance moyenne, est flatteuse et très certainement méritée puisque bien d’autre célébrités de tous les coins de France lui ont consacré des écrits ou sont venus y séjourner : Georges BATAILLE, alors répétiteur au Petit Séminaire, y a publié en 1918 son tout premier texte de mystique religieuse : « Notre Dame de Rheims » ; Paul ELUARD y fit imprimer clandestinement, en 1943, chez AMARGER - imprimeur qui est une figure historique de la ville - ses « Sept poèmes d’amour en guerre » et c’est Saint-Flour que Marie-Aimée MERAVILLE évoque dans « Monastier le Double » (éditions Robert LAFFONT). Pour faire bonne mesure sur l’intérêt qui a toujours suscité la Cité des Vents, on ne peut omettre la pochade qu’OFFENBACH lui avait consacrée, « la Rose de Saint-Flour ».

Biographie :

Au cours de mes études supérieures, déjà soucieux d’aider la collectivité - comme l’avait fait mon père en acceptant d’être Maire d’une commune rurale -, je fus élu délégué de la faculté.

Après l’Université et une excellente formation acquise chez Monsieur le Bâtonnier GAROLA, de bonne notoriété à Clermont-Ferrand, plusieurs propositions professionnelles alléchantes me sont faites. Mais ma décision est déjà prise : retourner m’installer à Saint-Flour, y ouvrir mon propre Cabinet.

D’amicales relations (dont Maurice MONTEL - et l’un des quatre vingt parlementaires ayant voté contre les pleins pouvoirs à Pétain) cherchent à guider mon choix, certaines par leurs conseils, d’autres par leurs avertissements :« ce n’est pas une ville pour toi - disent les uns - tu vas t’y sentir à l’étroit « ;« Pour ta tranquillité - me conseille, avant que je quitte Clermont, un Bâtonnier de mes amis - surtout n’y fait pas de politique ! ».

Pour rassurer, je pense, ceux à qui il me présente, un aimable nonagénaire me décrit à eux comme ayant « la bonne malice de la campagne » !

Face à ce conventionnalisme un peu étouffant, il m’arrivera de me livrer à d’innocentes facéties : à l’occasion d’une soirée dont je sais que la plupart des hôtes s’acharnent à me « situer politiquement « , je porte un veston réversible dont j’exhibe une face à l’arrivée et l’autre au départ !

A Saint-Flour, il faut écouter et humer avant de juger. C’est ce que je fis tout d’abord en retrouvant ma ville natale, malgré l’énergie piaffante que me connaissaient mes amis.

Et je ressentis le choc ce l’enfermement, la sensation de temps suspendu : à l’indéniable charme attendrissant et suranné dont je gardais le souvenir, s’ajoutait un essoufflement, un assoupissement presque, comme ce sommeil irrésistible qui semble assaillir à n’importe quels moments de la journée certaines personnes, usées par l’âge ou rongées par l’ennui. Je redécouvre aussi la persistance d’habitudes ancestrales que, peut-être naïf, j’avais cru modifiées sinon abolies : une sorte de maquignonnage appliqué à l’humain et ce que j’appellerai, par euphémisme, le "syndrome de l’oeil en trou de serrure" !

Etat des lieux :

Après la victoire, de nombreux télégrammes et lettres de félicitations sont envoyés à la mairie. Un vieux Sanflorain s’adresse familièrement à moi pour affirmer :« Tu ne fais pas partie de la race des héritiers mais de celle des conquérants, et l’exploit en est d’autant plus remarquable pour Saint-Flour ». Je reçois aussi quelques présents, dont un escargot en laiton offert par l’une des familles les plus modestes. Peut-être un symbole prémonitoire !

« En novembre 1990, cette prestigieuse institution qu’est l’Inspection Générale de l’Administration, enverra à Saint-Flour trois de ses inspecteurs, énarques de formation.
Leur rapport est intéressant sur bien des points et parle, notamment, de fuite en avant, de frénésie d’investissements malgré l’absence de projets accentué par le recensement (source IGA 1991). La situation est telle que la municipalité doit prendre un emprunt pour rembourser une avance de trésorerie souscrite trois mois avant l’election de dix millions de francs remboursable en un an ce qui étranglera les finances de la ville quelques années. La dette pourrait etre resorbée en dix ans d’apres l’IGA et la Trésorerie.

Le Président de l’Association des Petites Villes, et Maire de Figeac, Martin Malvy, me présentera au Président de la République en disant « Voici François, il est avocat et maire de Saint-Flour... ». Le Président sourit !
L’institut MITTERAND me vaudra l’invitation de son président ROLAND DUMAS au colloque de janvier 1997 à l’UNESCO - camp retranché pour la circonstance - devant un parterre de personnalités françaises toutes fort illustres, les grands de ce monde vinrent témoigner du rôle international du Président MITTERAND : MARIO SOARES, MOUBARAK, SHIMON PERES, YASSER ARAFAT, seul FIDEL CASTRO répondit forfait.

L’entrée de YASSER ARAFAT, dans l’amphithéâtre de l’UNESCO fut impressionnante et émouvante, encadré par un quadrilatère de gardes du corps, avançant au pas militaire.

Au Congrès des Maires, le sénateur maire de Clermont-Ferrand, vient de démissionner pour marquer son désappointement pour des facilités qui lui sont refusées par l’administration. Il s’en explique à la Marche du Siècle où je côtoie sur le plateau, madame le Maire de Cournon.
Bien avant la parité, dans une région qui n’est pas très féministe, mon équipe municipale comptait une douzaine de femmes.

Autoroute et Urbanité

Dans une économie de marché, un élu est là pour réguler, proposer et non pour interdire ou empêcher, même si dans une région fragile il doit sans cesse rester vigilant.

Par la volonté de quelques hommes et le travail des ingénieurs, le rythme du temps va se trouver bouleversé à Saint-Flour par l’ouverture de « La Méridienne « . C’est l’appellation officielle, donnée à l’A75, sur proposition du conservateur du musée, en hommage à la mission de ce nom qui, au XVIIIème siècle, vit des cartographes sillonner les routes de France, et notamment du Cantal, pour déterminer le lieu de passage du méridien. Cette expédition provoqua d’ailleurs une émeute, car les paysans de la région, persuadés que les membres de la mission étaient des « leveurs de taille « envoyés par le roi, leur firent un accueil... « piquant » et fourchu !

La ville basse est le passage obligé de la nationale et du chemin de fer. Appelée « le faubourg », elle a le charme et la fraternité des quartiers populaires mais il faut en densifier les espaces jusqu’à l’autoroute gratuite et l’aménager en « vitrine » pour qu’elle s’impose comme étape offrant aux automobilistes qui s’y arrêtent des hôtels, des restaurants et des boutiques d’artisanat attractifs.

Car « La Méridienne » est là. C’est une véritable révolution. « La Montagne » tire en page nationale « La voie royale » !

Certaines décisions, qui n’ont rien de locales, sont jugées sévèrement par la population ; ainsi que le « lifting » du légendaire viaduc de Garabit, autre prouesse de l’ingénieur Eiffel : de gris-bleu qu’il était, on le repeint en rouge saumon, lui qui est situé dans un merveilleux écrin de verdure et d’eau !

En septembre 1989, Roger FAUROUX, Ministre de l’Industrie, qui est aussi maire de Saint-Girons, vient visiter Saint-Flour et étudier les possibilités de développement autour de son autoroute. Son discours tâche à convaincre les irréductibles :« Une autoroute, cela ne se reçoit pas cela s’accueille. L’autoroute c’est ce que vous en ferez » et, dans le livre d’or, son message est un encouragement « en hommage à la ville de Saint-Flour et à la jeune équipe municipale qui, autour de son maire, enracine la modernité dans une grande tradition ».
Le Ministre du Travail, Jean Pierre SOISSON, vient à son tour en visite officielle pour témoigner que l’ouverture, qu’elle soit d’esprit ou de territoire, permet de transcender les clivages politiques et de saisir les chances de développement qui s’offrent à une localité, comme peut le faire l’A 75, future communication médiane entre Paris et Barcelone, via Saint-Flour.

Les visites de l’opposition sont nombreuses : Monsieur Edouard BALLADUR pour l’anniversaire de la mort de Monsieur Georges POMPIDOU, et le Président de la région Valéry GISCARD D’ESTAING, pour l’inauguration du lycée agricole : accordéon, petits auvergnats costumés, flon-flon, ciseaux.

La politique sociale prend forme :
Construction de la crèche, création d’une maison des associations, d’une aire pour les nomades, d’un gîte pour les routards, rénovation de l’octroi, rénovation du commissariat, organigramme et révision des carrières du personnel et informatisation de la Mairie.
La municipalité crée l’office culturel, l’office des sports, met en place un plan de formation du personnel, une comptabilité d’engagement pour suivre chaque dépense et modernise les locaux d’accueil de l ’Hotel de ville.

La ville chaque année se rend aux salons S’implanter et Entreprendre, porte de Versailles, avec pour conséquence, la prospection des leaders de la grande distribution et des chaînes d’hôtel ainsi que des entreprises, dans une zone reconnue d’utilité publique en bordure des échangeurs qui obtient donc la garantie d’emprunt qui sera gommée par le plan de paysage ; cette effervescence entraînant l’opposition des lobbies locaux qui après une manifestation envahissent le Conseil municipal, fragilisant l’équipe municipale qui l’est déja par les finances, les chiffres du recensement, et l’interdépendance de l’agriculture qui manifeste (négociation PAC GATT) et aussi le rejet de la gauche en 1993 pour l’opinion pour qui l’ouverture est complice et suspecte surtout dans une ville ou il y a pas eu de maire de sensibilité de gauche depuis deux cent ans.
La manitestation des commercants prend un autre tournant puisqu’elle est accompagnée de l’opposition du moment et d’une partie de la
majorité d’aujourd’hui.

Certains investisseurs s’installeront quelques années plus tard en périphérie de le cité avec des choix différents des miens en densification et en appellation et donc géospaciaux.
Le groupe de pression du commerce continuera à manifester en moins grand nombre quelques années après alors que la densification massive du tissu commercial et touristique entrainera la concurrence de la ville centre dans une zone périphérique à la première dans un jeu de casse.
Cette effervescence entrainera la délivrance du premier permis d’un 1200 pour une fleuristerie qui
quelques années plus tard sous mon sucesseur et avec l’aide de communes rebelles s’installera en périphérie de ville drainant une importante zone.

Mes connaissances juridiques aidant, le dossier sur le classement de la ville (symbolique) est déposé, le dossier de ville d’art et d’histoire en 1992 ainsi que la protection urbanistique du patrimoine qui seront avalisés plus d’une dizaine d’années plus tard sans fil conducteur puisque dans un développement coordonné, j’avais prévu quatre autres actions...

La ville bouge puisque les permis de construire n’ont jamais été aussi nombreux y compris pour les bâtiments publics : centre autoroutier et centre long séjour et chaque année trois pour cent de croissance arrive dans les caisses de la ville.

Boum culturel
Le parrainage de l’office culturel est lancé avec le grand violoniste Ivry GITLIS qui donne un magnifique concert et se rend dans les écoles publiques de la ville afin de faire découvrir aux jeunes l’art du violon. Bien d’autres artistes suivront son exemple : le jeune pianiste Yves Henry, le trio Maurice VANDER, le claveciniste Ameline d’AMBRICOURT, Sonia WIEDER-ATHERTON, le sopraniste Brésilien Paolo Abel do NASCIMENTO, le groupe BRATSCH qui interprète les musiques tziganes d’Europe Centrale, etc...

Si la musique classique est bien servie, la musique moderne est loin d’être oubliée : Arthur H. et sa voix râpeuse, les blues et rocks de CALVIN RUSSEL, LIZ Mac COMB puis Marva WRIGHT, stars du gospel, des groupes aussi reconnus que les Neville BROTHERS et « The Blues BROETHER BAND ».

Le théâtre a plus que son heure de gloire : la troupe Avant Quart viendra interpréter :
« La Tempête » de SHAKESPEARE puis « Œdipe « de Sophocle ; seront données « L’Etranger » de CAMUS, « Le Malade », d’après MOLIERE, « Barouf à Chioggia » de GOLDONI. Les vieilles pierres de la cité vibrent encore aux accents de toutes ces troupes de théâtre, dont celle du footsbarn qui jouera un surprenant « Roméo et Juliette » dans ce cadre médiéval dont les torches allumées rendent si bien l’atmosphère, le charme digne et l’émotion Shakespeariennes.

Au total près de quarante spectacles en quatre ans et une dizaines d’expositions permettent l’explosion culturelle de la ville.

Le rythme est pris. Alexandre SIRANOSSIAN vient diriger « L’âme arménienne » avec l’orchestre de Sofia (la cathédrale ce jour-là est pratiquement vide et le chef rappellera avec humour et tristesse cette phrase de LISZT :« si je les invitais à manger demain, la salle serait pleine ! »). Le Festival d’Art Sacré donne, en première à Saint-Flour, le Requiem de MOZART qui, cette fois, rencontre un grand succès, de même que les concerts de chants maronites de Soeur Marie KEYROUZ qui suscitent l’intérêt de tous, y compris les enseignants laïcs, et seront retransmis sur France Culture.

Les concerts offrent deux spectacles en un : les interprètes et les spectateurs.

Lambert WILSON draine un très important public, souvent composé de trois générations, de la grand-mère à la petite-fille !, et anime un repas « questions / réponses « durant lequel il parlera avec chaleur de sa terre d’attache, la Bourgogne, et de son combat écologique.

Le concert de NIAGARA a eu lieu en plein été et « la blonde luciférienne », comme l’appelle le journal « La Montagne », fait un tabac tant auprès de la jeunesse locale que des touristes. Les « Blues BROTHERS » se produisent, eux dans une commune voisine dont tous les bars sont fermés, malgré l’affluence, ce qui n’empêchera pas les spectateurs enthousiastes de ... « boire » leurs interprétations ! »

Le championnat de France de JEU DE GO se déroule à Saint-Flour grâce à l’amicale complicité et l’entêtement du Président de la ligue d’Auvergne, Gilles RAYNAL, Sanflorain et, par ailleurs, chef de l’orchestre des Dômes qui avait donné, quelques temps auparavant, un très beau concert.
La Culture, c’est ce qui fait la mémoire d’un peuple quand tout s’englue dans la médiocrité et les habitudes, y compris l’espoir.

Traditions et innovations festives

A peu prés à cette époque, s’offre la possibilité de reprise du festival « Cinéma et Monde Rural » dont le maire d’Aurillac souhaite se séparer puisqu’il dispose du festival
« Théâtre de rue ». Plusieurs ville de France sont prétendantes, Saint-Flour tente le pari et prend en charge l’organisation de ce festival, parrainé par Catherine ALRIC : nous ferons sillonner nos routes par différents artistes, dont Claude ZIDIi, qui iront se promener dans les campagnes, découvriront les petites salles de cinéma et feront en retour découvrir aux ruraux
- à travers plus de quarante films - le cinéma parisien et international. Si cette initiative plaît aux jeunes (ravis d’avoir enfin une municipalité « chébran «  !), elle étonne aussi les intervenants, notamment quand - les jours de fort brouillard - la tournée s’égare et doit déjeuner à la bonne franquette dans un endroit imprévu mais dont, après l’inquiétude et le retard, l’omelette ne lui paraît plus que délicieuse (cela aurait pu tout aussi bien être les fameuses « rissoles », ou raviolis, de Saint-Flour, ou une bonne truffade à la tomme et au lard, régal et reconstituant des randonneurs affamés..) !

Sur la place d’Armes, point central de la ville, sont situés les principaux bâtiments : cathédrale, maison consulaire, hôtel de ville, évêché, musée portant encore le souvenir des guerres du passé ; pourtant, pourquoi ne pas l’imaginer avec des drapeaux européens y flottant, dont certains de réconciliation, comme celui de l’Allemagne représentée par une petite ville identique en taille et sociologiquement semblable ?

Les échanges sont plein de vitalité et de cette nouvelle convivialité qui aiderait certainement à construire une chaleureuse Europe des peuples.

Pour la rencontre des élus de HASSELUNE, nous mettrons un point d’honneur les chants internationalement connus de la Belle France dont, nous le savons, nos futures « jumeaux » sont friands :« Après de ma blonde », « Alouette » notamment sans oublier d’enrichir notre répertoire de l’indispensable « Lili Marlène » et de quelques lieds ! Bien que nos deux villes aient des caractéristique communes, nos invités, sont rendus « listig » l’adjectif que nous leur avons emprunté au XVIIIième siècle pour en faire notre « loustic »...) par la
chaleur de l’accueil ! Lorsqu’il nous recevra à son tour, le Maire d’HASSELUNE tiendra à nous faire déguster un échantillon des alcools distillés dans sa ville ; le lendemain matin, il me faudra renoncer à la célébration religieuse marquant la fin de notre visite et mon collègue « germain », facétieux et indulgent, me dira que j’avais ce jour-là « préféré le schnaps à l’eau bénite » !

Profitant de mes habituelles vacances italiennes j’accompagnais aussi le 25 août 1991, la chorale de la ville, "les choeurs Guillaume BONY" à Saint Pierre de Rome.

C’est en novembre 1992 que fut officialisé le jumelage de Saint-Flour et d’Hasselune. C’est avec satisfaction que je vois le panneau qui, dès l’entrée de la ville, proclame enfin Saint-Flour « Commune d’Europe ».

Le Salon de la Mode est une réussite. Il est parrainé par Alice SAPRITCH et inauguré par le Secrétaire d’Etat aux droits de la femme : Michèle ANDRE. Il rompt avec la monotonie habituelle des vêtements - gris ou noirs - de beaucoup d’hommes et de femmes du terroir ; faut-il avoir dans ce choix vestimentaire l’influence du « Christ noir de la différence « , unique en Europe, qu’abrite la cathédrale ?

Le peintre et sculpteur KAWUN fait une exposition remarquable et remarquée : installé dans le Cantal depuis 1954, cet artiste, aussi discret que talentueux, n’avait exposé qu’une fois à Saint Flour dans une église désaffectée.

Une autre grande artiste, et amie, d’origine anglaise et de renommée internationale, Barbara ROBINSON, nous fait l’honneur d’un vernissage. Comme le rappelle à cette occasion le magazine municipal : impressionnée puis conquise par Saint-Flour, elle en a croqué tous les aspects, tous les secrets, toutes les beautés ; de là sont nées des toiles pures, violentes et passionnées. Un tableau de son exposition fut particulièrement aimé, qui donnait à Saint-Flour des couleurs méditerranéennes d’ocres, de verts pastels et de bleus tendres ; il fit l’objet d’une affiche qui figura dans toutes les vitrines des commerçants et dans bien des foyers, devenant même le cadeau distribué par la mairie lors des réceptions, remplaçant les habituelles épinglettes et médailles. Habitants et visiteurs connaissent bien cette oeuvre
sensible et ont pu découvrir, comme Lawrence DURELL l’avait fait, que : « la base de chaque toile bénéficie d’un dessin ferme... d’une fidélité sans compromis - presque au point d’être brutale. Sur les solides fondations de cette trame, la couleur s’élève d’elle-même... libre de s’épanouir... avec lyrisme « .

La volonté du maire, le travail acharné de l’adjoint à la culture faisaient que Saint-Flour était un carrefour culturel pour un public dans le Massif Central mais aussi une ville reconnue en Europe parles réseaux culturels.

François DELPEUCH a publié en 2005 : « PROMENADE LITTERAIRE CANTALIENNE OU ANTHOLOGIE DES ECRIVAINS ET VOYAGEURS DE HAUTE AUVERGNE ».

Cet ouvrage a bénéficié de nombreuses critiques et notamment d’un compte rendu dans le bulletin critique du livre en français en janvier 2006. Il est illustré par une ceuvre de l’artiste Laurent BOUT.